Il est Argentin, alors, on pense tango. Il joue de la guitare, on peut extrapoler et supposer que le jazz est de la partie. Norberto Pedreira, c'est tout ça et bien plus. Bon, il n'est pas facile à étiqueter. Alors, classez-le direct chez les grands. Comme il n'est pas homme à plastronner, je prends la liberté de le clamer. Et donc d'argumenter. Pour cela, remontons le temps.
Norberto est un enfant du Rio de la Plata, ce fleuve où ont échoué il y a longtemps les esclaves importés d'Afrique. D'où les rythmes du cru, zamba et landó, et aussi ce candombé dont les tambours résonnent encore sur les deux rives, à Montevideo ou Buenos Aires. Là-bas, on se vit Européen et ce pan d'histoire reste dans l'ombre de l'opulent tango, dans le… noir. Norberto est de ceux que cette réalité passionne. Même s'il a une bonne cote à Buenos Aires, sa musique a besoin d'autres ingrédients, du coup, il se sent à l'étroit au pays.
Il débarque en France au début des années 90, avec une espèce d'obsession, se nourrir du savoir d'autres musiciens. Au point de appeler son premier groupe Encuentros, rencontres. Sa guitare y gagne paradoxalement une identité argentine renforcée. Partout où il passe, les saveurs singulières de son jeu sont arme de… séduction massive.
Chez les musiciens aussi, d'où un épatant trio et un album, Otras imágenes (2000) puis un quartet et un autre album, Cuarenta años (2004), où il croise quelques pointures (le sax-flûtiste Bobby Rangell) et de brillants compatriotes comme le percu Minino Garay. Il passe avec une fluide aisance du tango gouailleur et des rythmes afro-argentins susmentionnés à la suave bossa brésilienne, de la pétulante valse péruvienne à un jazz acidulé. De quoi perdre le nord sans affoler la boussole. Avec une discrète élégance, Norberto Pedreira s'affirme comme un guitariste unique qui transforme ses auditeurs en doux rêveurs et en voyageurs étonnés. Avis aux oreilles gourmandes…
Rémy Kolpa Kopoul
ConneXionneur
Radio Nova
S'il n'avait eu que la musique, on y était, à Buenos-Aires ou à Montevideo, samedi soir, avec Norberto Pedreira. Square du Cardinal-Lefebvre. "Un Été a Bourges " s'était fait latino, le temps d'une soirée.
Le quartet du compositeur était devenu sextet pour offrir a son public, un voyage de l'Argentine au, Venezuela, en passant par la Colombie ou l'Uruguay. Une musique de fusion -afro-américaine qui revisite les airs traditionnels, mâtinée de jazz. .
Norberto Pedreira, la guitare au bout des doigts, présentait les titres de son dernier disque, "Cuarenta años " Appuyée par des improvisations déchaînées, comme celle de Juan Manuel Forero, aux percussions, la musique de Norberto effleure les rythmes du tango ou du flamenco.
Le registre est large et dans la nuit qui s'avance, 1a mélancolie du, bandonéon devient ironique et se joue des rythmes Iatino jazz européens.
Est-ce l'ombre de la cathédrale ou la fraîcheur du soir ? Le public, venu en nombre, a apprécié mais sans bouger. Ce n'est pas faute d'y avoir été invité par, le guitariste et par d'excellents musiciens qui n'ont pas ménagé, leurs instruments. Un seul rappel et le voyage s'est arrêté. Chacun est reparti dans la nuit berruyére.
Catherine Boulay.
La Nouvelle Republique
Août 2005
Page 5/8
PRESSE
Norberto Pedreira